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Au-delà de l’hygiène : comment la COVID-19 va changer le monde du travail

La propagation mondiale de la pandémie de la COVID-19 a été inégale ! Certains pays comme la Nouvelle-Zélande ou Hong Kong ont pu réduire considérablement le nombre de cas dès juin. D’autres pays connaissaient une recrudescence des infections et craignaient une « seconde vague« . Tandis que les États-Unis ont vu les épicentres viraux se déplacer des villes denses vers les zones provinciales. Au-delà de l’hygiène et de la sécurité sanitaire, comment la COVID-19 va changer le monde du travail ?

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La situation sanitaire est encore incertaine, mais le virus finira par disparaître. Dès la pandémie jugulée, la vie ne reviendra pas simplement comme elle était auparavant. En effet, toutes les industries sont ou seront touchées par la pandémie. Pourtant, peu de domaines ont été autant touchés par la COVID-19 que celui du travail.

Alors que le télétravail commençait à se démocratiser,  la COVID-19 a obligé de nombreuses entreprises à faire de grands efforts pour s’adapter au travail à distance. Ainsi, cette crise sanitaire a fait prendre conscience de l’importance de l’hygiène et notamment de l’hygiène des mains et des dangers des espaces confinés et réduits pour la santé publique.

En conséquence, les gestionnaires des lieux de travail ont eu recours à des solutions à court terme ; comme l’installation de postes de désinfection des mains, la ventilation ou la mise en place de nouveaux modes de travail. Ceci dit, à quels changements peut-on s’attendre à voir dans l’environnement de travail une fois la crise immédiate passée ?

L’avenir du travail : des millions d’employés en télétravail

Le monde du travail futur

Malgré le battage médiatique croissant autour du travail à distance, en début d »année, 44 % des entreprises à travers le monde n’autorisaient pas le télétravail. Cependant, COVID-19 les a obligé à reconsidérer leur position sur le télétravail. Ainsi, de nombreux experts en matière d’emploi prédisent qu’après COVID-19, la conception et l’infrastructure des bureaux changeront de manière à refléter le nombre croissant de télétravailleurs. Cette transformation pourrait se traduire par un plus grand nombre d’espaces privatifs, des lieux de travail plus flexibles et, surtout, des bureaux moins encombrés.

Susan Hayter, conseillère technique principale sur l’avenir du travail à l’Organisation internationale du travail (OIT), affirme que cet état de « business as unusual » peut être l’avenir du travail. « Avant la pandémie, il y avait déjà beaucoup de discussions sur les implications de la technologie sur l’avenir du travail », dit-elle.

« Cependant, cet avenir est arrivé plus tôt que prévu car de nombreux pays, entreprises et travailleurs se sont tournés vers le télétravail afin de contenir la transmission de la COVID-19 ; ce qui a radicalement changé notre façon de travailler. Les réunions virtuelles à distance sont désormais monnaie courante et l’activité économique s’est accrue sur toute une série de plateformes numériques ».

Les bureaux ne seront pas obsolètes, mais ils devront évoluer !

S’il ne fait aucun doute que des millions de personnes, en particulier dans les économies dit « avancées », pourront travailler à distance, les chiffres mondiaux de l’emploi révèlent que tout le monde ne pourra pas le faire. L’OIT estime que dans les pays à revenu élevé, seuls 27 % des travailleurs pourraient travailler à domicile. Même dans ce cas, cela ne signifie pas qu’ils continueront à travailler exclusivement à distance au-delà de la pandémie. De même, de la livraison de nourriture à l’agriculture, 1,6 milliard de personnes dans le monde travaillent dans l’économie informelle.

Mme Hayter de l’OIT souligne la valeur sociale et économique du lieu de travail, qui procure un sentiment d’utilité, d’identité et de communauté à de nombreux travailleurs.

Nous devons tirer parti de ce nouveau monde courageux pour nous assurer que le travail est effectué dans des conditions sûres.

 Susan Hayter, conseillère technique principale sur l’avenir du travail à l’OIT

En écho, McKinsey classifie les segments d’employés en considérant la valeur que le travail à distance pourrait apporter. Selon eux, il existe quatre catégories de travailleurs, qui sont les suivantes :

  • entièrement à distance (résultat positif net créateur de valeur) – en télétravail
  • hybride à distance (résultat net neutre) – moitié travail à distance / moitié bureau
  • hybride à distance par exception (résultat net négatif mais peut être fait à distance si nécessaire) : au bureau et exceptionnellement en télétravail
  • sur place (non éligible pour le travail à distance) : exclusivement au bureau

Ainsi, si l’essor du travail à distance est inéluctable, les lieux de travail ne deviendront pas sans intérêt… Cependant, ils devront simplement évoluer en fonction des nouvelles sensibilités en matière d’hygiène, de sécurité et de santé publique.

De nouvelles infrastructures sur le lieu de travail pour maximiser la sécurité et la santé

Le monde du travail futur

À long terme, la COVID-19 obligera une conception de bureaux intégrant le respect de l’hygiène, de la vie privée et de la sécurité. Ainsi, par exemple, les open space, apparus au milieu du XXe siècle, visaient à rendre les lieux de travail plus dynamiques et plus collaboratifs. Cependant, comme il peut impliquer un grand nombre d’employés dans un même endroit, cette conception pourrait favoriser la propagation d’un virus. C’est pourquoi, au lieu d’un espace ouvert, les bureaux du futur opteront pour un espace plus personnel intégrant des solutions de sièges intelligents par exemple pour les employés qui ne veulent pas s’asseoir trop proche des autres.

De plus, une fois la pandémie jugulée, l’aménagement des bureaux sera probablement marqué par de nouvelles technologies qui pourront favoriser l’hygiène et le bien-être. Des ascenseurs intelligents aux entrées sans contact, en passant par les surfaces autonettoyantes ; les bureaux du futur ne cesseront de moderniser les infrastructures physiques.

Oliver Wainwright, critique d’architecture et de design du Guardian, affirme que les maladies ont toujours façonné la conception des villes et des bureaux. Wainwright cite l’exemple d’un bureau futuriste dune société de gestion des déchets conçu par Zaha Hadid Architects aux Émirats arabes unis. Cela donne un aperçu de la conception des bureaux après la COVID-19.

Les ascenseurs peuvent être appelés à partir d’un smartphone, ce qui évite d’avoir à appuyer sur un bouton à la fois à l’extérieur et à l’intérieur, tandis que les portes des bureaux s’ouvrent automatiquement grâce à des capteurs de mouvement et à la reconnaissance faciale.

Oliver Wainwright, critique d’architecture et de design du Guardian

Un tournant pour les villes et l’aménagement des bureaux

Ainsi tout au long de l’histoire, les opportunités économiques et de travail ont influencé une grande partie de la façon dont les villes ont émergé et se sont organisées. Surtout depuis la révolution industrielle, les villes ont en effet commencé à prospérer. Des milliards de personnes s’étant déplacées vers les centres urbains où il pouvait être plus facile de trouver un emploi et d’optimiser les possibilités d’éducation. Mais suite à la COVID-19, même si tout le monde n’est pas en mesure de travailler à distance, la pandémie va changer et ce à long terme les paysages urbains. De nombreux économistes et sociologues des sociétés industrialisées pensent que l’essor du travail à distance va creuser et décentraliser les villes.

Je pense que nous allons retourner dans les bureaux, mais pas de la même manière.

Paul Cheshire, professeur de géographie économique à la London School of Economics

De fait, le travail à domicile va créer une demande de logements plus grands, ce qui poussera les individus à quitter les villes pour se rendre dans les banlieues ou en province où les terrains sont moins chers ; souligne Paul Cheshire, professeur de géographie économique à la London School of Economics. Cela pourrait donc alléger le fardeau des grandes villes et rajeunir les provinces. La qualité de vie serait améliorée pour beaucoup de personnes ! Le professeur Cheshire ajoute : « Vous bénéficierez probablement aussi d’un partage de bureaux localisé, de zones spécialisées dédiées aux gens qui travaillent depuis leur domicile, où vous pouvez occasionnellement avoir accès à de meilleures technologies de l’information ou de meilleures installations… Dans les petites villes, il y aura une ouverture d’open space sans bureau assigné ».

Faire face à l’incertitude pour une culture du travail compatissante

Chaises, bureaux, être humain, le monde du travail futur

Le déclin des espaces de bureaux auront un impact différent sur les petites, moyennes ou grandes entreprises. Mais également sur les économies avancées et émergentes. De même, à l’instar de son processus de propagation, la COVID-19 disparaitra mais pas pour tout le monde et en même temps. Pourtant, personne ne sait exactement quels sont les changements à long terme qu’apportera la pandémie sur les lieux de travail – et comment ils se manifesteront dans les différents contextes.

« Il y a tout un groupe de psychologues organisationnels, ainsi que des sociologues et des professeurs de gestion, qui vont passer les cinq, dix prochaines années à étudier les effets de cette pandémie dans différents endroits », explique Adam Grant Wharton, professeur à la Wharton Business School.

Pourtant, il estime que la pandémie est aussi une formidable occasion pour les dirigeants d’apprendre et de se développer, et de créer une culture du travail plus compatissante et ce à l’échelle mondiale. Le professeur Grant ajoute ainsi : « En tant qu’être humain nous n’aimons pas l’incertitude et l’imprévisibilité. Mais d’un autre côté, nous sommes très adaptables ».

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